mercredi 18 février 2015

Carnets très intimes  13

 

D’année en année, un capharnaüm de voix s’est installé dans ma tête. Chacune d’elles cherche à attirer mon attention, elles crient plus fort les unes que les autres jusqu’à ce qu’une cacophonie symphonique se fasse entendre. Chacune d’entre elles m’a demandé de suivre leur chemin à elle. Et ainsi, je me suis créé un labyrinthe de tracés de vie donc je ne sais plus où en est la sortie.

 

Dès que je finis par en tuer une, une autre prend sa place comme les têtes monstrueuses de l’Hydre de Lerne qui repoussaient en double lorsqu’on les coupait. Et d’un bruissement, elle réussit, elle aussi, à m’engourdir pour me maintenir à son service.

 

Un serviteur, des dizaines de maîtres.

 

Pour pouvoir cesser de les entendre, je me suis englouti, enfoncé, jour après jour, au plus profond de moi comme dans un puits sans fond. 

 

Jusqu'au jour où je me suis rendu compte qu’elles seraient avec moi pour toujours, car chacune d’entre elles est liée à moi comme la terre au soleil; notre survie dépend de celle de l’autre. Je suis leur créateur et elles sont mes créatures. Elles sont comme ces enfants qui hurlent, sautent et explosent à tout moments, sans crier gare. J’ai alors compris que j’ai à laisser passer l’ouragan, baisser la tête en marchant contre le vent, continuer d’avancer et entrer en ce lieu en moi, inviolé de ces tentatives répétées d’agressions, qui me protège et me nourrit inlassablement; la Vie.

 

En attendant la fin de celle-ci, j’avance…

 

 

 

 

 

 

 

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