Mes expériences en psychiatrie 1
La Salle aux miroirs
L’expérience consistait en une salle
séparée en deux par un miroir sans tain (le « miroir » du nom) sur le
même principe que les salles d’interrogatoire que l’on peut voir au cinéma ou à
la télé. (N.B. Même si la dénomination était « miroirs », au
pluriel, il n’y avait qu’un « miroir »)
D’un côté, j’étais avec mon
intervenant attitré en santé mentale, une chaise pour chacun de nous et une
petite table basse avec un téléphone près de la chaise de l’intervenant. Les
chaises étaient orientées pour être face à face, éloigné d’un mètre et demi à
deux mètres l’une de l’autre, le long du mur mitoyen près du grand
miroir sans tain qui séparait la pièce, d’une distance d’un mètre, ou un peu plus,
du dit miroir.
L’intervenant et moi portions, chacun
de nous, un micro-cravate qui était relié à une console de son placée sur la
table près du téléphone.
De l’autre côté, derrière le mur
au miroir sans tain, se retrouvaient quatre, six ou huit personnes différentes,
selon les disponibilités, toutes spécialisées en santé mentale (psychologue,
thérapeute, travailleur social, éducateur spécialisé, etc.) dont je n’avais vu
aucun visage. J’ai su, par la suite, qu’ils étaient assis sur deux rangées,
face au miroir. La rangée arrière était surélevée d’environ un demi-mètre par
un praticable pour que les personnes assises dans cette rangée aient une bonne
vision de la séance de l’autre côté du miroir. Devant la première rangée, il y
avait une petite table avec un téléphone sans fil. En haut du miroir sans tain,
il y avait deux haut-parleurs reliés à la console de son dans l’autre pièce.
La durée de la séance était de
cinquante minutes : trente-cinq à quarante minutes à la Salle aux miroirs
et ensuite dix à quinze minutes au bureau de l’intervenant pour une analyse
post-mortem.
Le principe
était le suivant :
La séance avec mon intervenant
débutait. Lorsque le téléphone sonnait, mon intervenant répondait et écoutait
les recommandations données par un de ses collègues qui étaient derrière le
miroir sans tain. L'intervenant raccrochait et mettait en pratique immédiatement, la
ou les recommandations qui étaient suggérées.
Et c’était ainsi durant toute la
rencontre.
L’idée était d’utiliser l’expérience
de plusieurs intervenants spécialisés en santé mentale pour un même patient
lors d’une séance de thérapie.
Ensuite, dix à quinze minutes
avant la fin de la séance, la séquence dans la Salle aux miroirs se terminait. En compagnie de
mon thérapeute, je me dirigeais alors vers son bureau pour
lui donner mes impressions de la rencontre et décider ensemble si une autre séance était
nécessaire.
Dix rencontres maximum pour cet
exercice étaient suggérées. J’avais toute la latitude possible pour le nombre de rencontres que
je désirais faire.
Points
positifs :
1) Je faisais face à une batterie d’experts, la crème de la crème des intervenants/thérapeutes qui, par leur
effort combiné, pouvaient accélérer la résolution de la problématique que je
vivais.
2) Cela me permettait aussi de
tester une approche thérapeutique différente pour me donner des outils
supplémentaires quant à la résolution de ma problématique en santé mentale.
Points
négatifs :
1) Chaque fois que le téléphone sonnait,
le lien intervenant-patient était automatiquement brisé. Après plusieurs « coups
de téléphone », la distance entre l’intervenant et moi se creusait davantage.
2) L’intervenant, en répondant au
téléphone, perdait de plus en plus de crédibilité à mes yeux; si les
thérapeutes derrière le miroir sans tain appelaient souvent cela me donnait l’impression
que l’intervenant manquait d’expérience. Ou passait à côté de beaucoup de
choses importantes qu’il oubliait de me dire. Ou ne semblait pas être en mesure
de mener la discussion rondement.
Il prenait, à mes yeux, l’allure d’une
marionnette.
3) Si le nombre d’interventions
des thérapeutes était anémique, le principe même de la Salle aux miroirs
devenait caduc.
4) Chaque thérapeute derrière le
miroir sans tain me donnait la sensation d’imposer sa propre vision de la
problématique et de ses solutions, ce qui pouvait rendre les interventions
confuses par moment.
5) À cause du miroir sans tain, l’insonorisation
était déficiente; je pouvais parfois entendre un thérapeute, derrière le miroir, tousser.
6) La sensation d’être observé et
scruté par un groupe que je ne connaissais pas et dont je n’avais vu aucun
visage, développait chez moi un inconfort.
7)Les
résolutions de problématique en santé mentale ne peuvent être
"accélérées"; cela prend du temps, beaucoup de temps même, parfois.
Conclusion :
L’idée sur papier était
excellente! C’est la raison pour laquelle je voulais faire cette expérience. Mais
dans la réalité, l’exercice ralentissait la résolution de ma problématique avec
les interventions souvent trop nombreuses d’où pouvait naître une certaine
confusion. Aussi, le lien d’intimité nécessaire intervenant/patient n’arrivait
pas à s’établir correctement.
Malgré tout, je suis très content d‘avoir
tenté l’expérience; maintenant, je sais!
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